L’identification des ivoires, os, et bois de cervidés.

L’objet de ces lignes est de fournir quelques outils visuels d’identification des matières animales dures que sont les ivoires, les os et les bois de cervidés.

Ces matières ont été travaillées par l’homme depuis des dizaines de milliers d’années en tout point de la planète jusqu’à leur remplacement très progressif par des matériaux synthétiques à partir du XXè siècle, en Occident du moins.

La méthode d’identification proposée repose sur 2 principes:

  1. L’observation de la structure de la matière et de son aspect de surface.
  2. L’appréciation de la forme de l’objet sculpté et de ses dimensions.
     

Première partie: les ivoires

Battoir pour écorce en ivoire Cameroun-RCA

Pour finir avec l’ivoire d’éléphant voici 3 images de Christs, le second est de Goa (Inde) en ivoire d’éléphant africain.

Au centre Christ de Goa en ivoire d’éléphant africain

Manche de kriss en molaire d’éléphant. Défenses de mammouth Dolgan. Objets Dolgan.

Ivoire de cachalot

En dehors des dents de cétacés gravées par les marins Européens (Scrimshaws) au XIXème siècle, cet ivoire a principalement été utilisé dans la zone indo-pacifique pour la création de manches d’armes et autres petites sculptures et pendentifs.

La longueur des dents est d’environ 20 cm, et leur forme est plus ou moins conique incurvée. Une vue en coupe permet de visualiser une structure en anneaux concentriques de la dentine, qui est par ailleurs d’une teinte jaune légèrement ocrée qui contraste avec celle du cément, beaucoup plus claire. Un anneau de transition entre dentine et cément, plus foncé encore que la dentine elle-même, est caractéristique ( voir plus haut). Toutes ces couches assez différentes les unes des autres sont généralement visibles sur les objets sculptés, ce qui rend l’identification relativement aisée.

La poignée de sabre Barong (Philippines) cachalot est vue de dessus. A droite échantillons divers (boules de billard éléphant, dent de cachalot entière et tronçonnée, fragment de défense de narval)

Ivoire de morse

L’ivoire des défenses de morse provient des deux canines supérieures modifiées. La longueur des défenses peut atteindre 1 m, pour une section d’un ovale irrégulier de 6×8 cm en moyenne. La surface brute de la défense est plus ou moins cannelée. Mais là encore, c’est la vue en coupe qui donne l’information la plus claire pour une identification sans équivoque. La dentine présente en effet deux structures distinctes : une dentine primaire uniforme en périphérie, et une secondaire au centre présentant un aspect « caillouté » ou « mousseux »(voir croquis plus haut). Les sculptures réalisées en ivoire de morse proviennent très souvent de l’aire arctique: pièces de harpons, sculptures miniatures, mais pas seulement. En tant que matériau de valeur destiné à une élite, on le retrouve tant en Asie du Sud-Est pour la réalisation de manches de poignards et sabres, qu’en Europe (dès le Xème siècle) pour la confection de pièces d’échec.

Dent de morse+pendentif. harpon.
La structure « caillouteuse » n’est pas visible sur la pointe de harpon ; l’identification se fait par déduction et au regard des dimensions de l’objet.

Dent de morse fossilisée

Ivoire d’hippopotame

La taille des dents d’hippopotame est extrêmement variable selon leur type ; les canines et incisives peuvent dépasser les 40 cm, et ce sont principalement ces dernières qui sont exploitées.

La caractéristique principale de ces dents est la présence, vue en coupe, d’une zone interstitielle en forme de « V » très ouvert. on la retrouve souvent sur les objets comme les manches de kriss indonésiens. Cet espace vide peut être bouché par l’artisan avec la même matière quand il le juge nécessaire

Sur l’une des poignées de kriss birmans, la zone interstitielle a été comblée, sur l’autre pas.

Fin de la première partie.

Remerciements à Cedric le Dauphin.

Serge Dubuc, mars 2025

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