
Dans une intéressante interview parue dans Le Monde le 26 décembre, Anton Serdeczny, historien et anthropologue, évoque les origines de la traditionnelle bûche de Noël.
Selon une tradition attestée dans beaucoup de régions françaises, et en Italie, du 12è au 20è siècle, pour la nuit de Noël, on choisit la souche d’un arbre nourricier (arbres fruitiers, chênes, châtaigniers, …). Au cours d’une cérémonie menée par le chef de famille, on met cette bûche au feu pour le passage de minuit, un moment d’ouverture entre le monde des morts et celui des vivants, dans la maison désertée par les habitants partis à la messe.
La bûche ne se consume pas totalement et on en garde le charbon comme objet magique, jusqu’au Noël suivant.
Ce reste carbonisé est supposé guérir des maladies, apporter de `bonne récoltes, favoriser les naissances, protéger des incendies et de la foudre, en étant par exemple, ingéré, ou placé dans un outil de labour…
Feu, cérémonie, bois nourricier, chef de famille, inter-monde entre les vivants et les morts, santé, prospérité, fertilité, protection contre les malheurs… tout cela ne paraît-il pas faire écho à certaines descriptions d’ethnologues sur les rites des plus lointains continents… ? « Primitifs » nous avons tous été (et nous le restons sans doute un peu…).
Bien plus tard, ce rite se croisera avec celui du gras de Noêl (faire cuire du bouillon sur la bûche encore chaude pour le transformer en médicament à tout faire).
L’évolution vers le dessert se produira lentement, dans les années 1880, dans la mutation de la ruralité vers l’urbanisation, et sans doute, le développement intense du commerce (peu soucieux de notre taux de glycémie).
Denis Bruckmann (d’après Le Monde)
La Bûche et le gras. Une anthropologie historique de la magie de Noël (Champ Vallon, 296 pages, 24 euros).
Lien à l’article du Monde
