Si le MAAP, Musée d’Art et d’Archéologie de Périgueux, est une destination incontournable pour les amateurs de bifaces et feuilles de laurier, il réserve de bien belles surprises aux passionnés des cultures extra-européennes.
Parmi les 35,000 références réparties dans ses collections préhistoriques, antiques, médiévales et modernes, deux petites salles accueillent la 7ème collection française d’artefacts africains et océaniens, estimée à 2,000 objets. D’un intérêt ethnographique certain, ils sont régulièrement sollicités en prêt par les plus grandes institutions muséales internationales, dont le musée du Quai Branly Jacques Chirac.
La scénographie de la « Salle Africaine » s’articule autour de cinq vitrines thématiques, en verre et bois : armes, objets de pouvoir (libellée « objets de fierté »), parures, vie quotidienne et musique. Le MAAP précise que cette présentation a été « travaillée pour proposer au public une approche ethnographique s’intéressant au caractère social, symbolique, philosophique et hautement culturel, longtemps délaissé. Elle permet d’évoquer l’Histoire et d’accomplir un devoir de mémoire vis-à-vis des peuples qui ont été pillés pendant la colonisation »

La « Salle Océanie » organise ses collections par aires géographiques : Polynésie/Mélanésie, Papouasie Nouvelle-Guinée, Vanuatu et Nouvelle Calédonie.

Derrière les objets il y a des hommes, et deux personnages ont particulièrement contribué à constituer et enrichir ces collections extra-européennes.
Paul-Alphonse Claret de Fleurieu, Comte de Marzac (1870-1926), descendant du ministre de la marine de Louis XVI, a passé sa vie à parcourir mers et océans de l’Afrique à la Papouasie Nouvelle-Guinée, de l’Australie à la Chine et au Japon. Il en rapportera de nombreux objets, rares, singuliers, souvent étonnants. Le don de 400 pièces qu’il fera au MAAP tient essentiellement aux relations amicales qu’il entretenait avec Maurice Féaux, préhistorien et conservateur-adjoint au musée de 1889 à 1939.
De son côté, Maurice Féaux rassemblera la majeure partie des artefacts de cette collection, acquise auprès de marchands, de militaires, d’administrateurs, de voyageurs, de missionnaires, originaires ou en lien avec la Dordogne ; le MAAP lui est redevable d’un important travail d’inventaire et de récolement.


Au coeur des théories évolutionnistes de l’anthropologie de l’époque les scientifiques se sont passionnés pour les cultures lointaines, se livrant à des comparaisons entre l’homme préhistorique et les peuples dits primitifs. L’archéologie comparée leur a permis d’établir des correspondances entre les outils, les techniques, les matériaux, les objets finis, et d’interpréter la Culture des peuples. Pour une remise en contexte ce n’est que dans les années 1830 que Jacques Boucher de Crèvecoeur de Perthes (1788-1868) jette les bases de la science préhistorique, et en 1860 qu’il publie sa théorie de « l’homme antédiluvien ».
Pour l’anecdote, Alphonse Claret de Fleurieu, honoré de l’hospitalité reçue au Japon, a parrainé des artistes japonais, dont Léonard Foujita qui découvrira les sites préhistoriques de la région de 1915 à 1916. Il se dit que cela n’aura pas été sans incidence sur sa démarche artistique.
Quelques objets japonais sont exposés dans l’espace Beaux-Arts.
Photos de l’auteure :
- Vitrine Afrique – 2. Vitrine Océanie – 3. Masque Wé, Côte d’Ivoire – 4. Détail vitrine Nouvelle Calédonie

Chere Chantal et Cher DDM bravo pour cette mise en bouche. A priorie je ne connaissait pas l’existance de ces collections. Dès que possible j’irai les voir. Amities, Anthony JP Meyer
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merci Anthony.
les musées de province abritent souvent de réelles pépites.
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